TEM 2007
Lorsque Claude Rosenkranz m’a proposé ce mur impressionnant dans cette galerie dont on ne saurait soupçonner la beauté avant d’y pénétrer, je me suis sentie comme si j’avais gagné le gros lot et ne savais quoi faire de ce cadeau tombé du ciel ! Comment honorer ces pierres, ne pas tuer l’atmosphère qui s’en dégage, ne pas troubler l’harmonie qui doit régner dans ce lieu où tout est possible, où chacun peut s’exprimer et exploiter la générosité de l’espace et la complicité de la lumière ?
Ce sont les pierres qui m’ont insufflé le désir de jouer avec la couleur, de faire entrer le jardin, pas celui d’Aline Rosenkranz, bien sûr, mais un jardin plus sauvage, plus secret, le mien, dans l’enceinte des murs. En passant du plein au vide, du chaud au froid, du tourment à la sérénité, de la réflexion à la rêverie. En intégrant, à force de mouvement et de couleur, tout ce qui se passe dans une nature cyclotimique comme la mienne, l’euphorie et la peur, son pendant, dans la jouissance totale.
« La cinquième saison », ce nom que j’ai donné à cette œuvre de 25m2, m’est venu à l’esprit comme une illumination, réminiscence d’une musique d’un groupe canadien des années 80, enfouie au fond de ma mémoire. Une musique venue d’ailleurs, de la harpe, de la flûte, une guitare et un sax peut-être…Ce titre m’a toujours fait rêver. Y-a-t-il une autre saison après ce cycle des quatre saisons de la vie ? La nature renaît après chaque hiver. N’y a-t-il pour nous aucune chance de renouveau ? Et si une saison supplémentaire nous était accordée, qu’en ferions-nous ? Saurions-nous mettre à profit l’enseignement dont les précédentes nous ont fait cadeau ? Non, sans doute. Alors la cinquième saison ne peut être que cette vie parallèle, celle que nous permet l’évasion dans la beauté des choses. Pour moi, elle est dans la peinture.
Michèle Frank
Mai 2007