Exposition commune, Goviller, 2012

De tout temps, bien avant que j’aie songé à utiliser un pinceau ou une spatule, j’ai été fascinée par la puissance mystérieuse des éléments, par ces forces naturelles qui agitent  la terre,  l’atmosphère, la mer qui se déchaînent sans crier gare et peuvent tout dévaster. La force herculéenne de l’Atlantique, où j’ai passé ma prime enfance, le vent et les orages qui à la fois m’effraient et me subjuguent, les éruptions volcaniques que je n’ai heureusement vues qu’en images.

Mais je me souviens d’une histoire que m’avait lue ma mère, je devais avoir cinq ans, qui a hanté mon enfance. Il s’agissait d’une petite fille qui était séparée de sa mère par une coulée de lave. Je ne me rappelle plus les détails, bien sûr, mais le même sentiment d’angoisse rejaillit, dès que je m’en remémore  quelques bribes. Ai-je greffé mes propres angoisses d’abandon sur ce drame dû à un phénomène naturel ?

La dualité des éléments qui nous entourent, le caractère réversible de leur pouvoir n’est pas sans rappeler celle qui nous est propre, à nous, les êtres humains, capables de passer du meilleur au pire, de la plus haute culture à la barbarie la plus inconcevable. Il suffit d’une situation  d’urgence…

La terre, cette matrice qui conçoit les sources, les minerais, les métaux, fécondée par l’eau et souvent par le sang, qui donne et reprend la vie, qui a servi, selon certaines cultures à façonner l’homme, cette terre qui nourrit l’homme et soudain l’engloutit…cette terre qu’habitent les fées, les gnomes et les lutins dans  les livres d’enfants, les premiers à nous familiariser avec cet élément…

Michèle Frank

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